CONSTRUIRE UNE TENSION SEXUELLE
est un art perdu, largement sous-estimé.
Dans la société ultra pressée et déconnectée dans laquelle nous vivons à l’heure actuelle, la hâte caractérise les rapports sexuels de beaucoup d’entre nous. Notre sexualité ne reste t-elle pas trop souvent cantonnée à son stade le plus primaire? En effet, dans le règne animal, si il y a une parade amoureuse, il n’y a pas d’art de faire de l’amour car la sexualité est uniquement dirigée par l’instinct de reproduction.
À l’inverse, il est existe chez l’Être humain un véritable art de l’amour et de l’érotisme où se mêlent beauté, extase mais aussi états de transcendance.
La relation intime se construit et s’épanouit au travers du mariage du corps et de l’esprit.
Une sexualité épanouissante dépasse notre nature pulsionnelle car en tant qu’êtres pensants, nous avons besoin de beaucoup plus que le simple coït et de beaucoup plus que de nous focaliser sur la recherche de ce coït immédiat, pour toucher la complexité de nos multiples facettes, physique, sensorielle, émotionnelle, psychique, énergétique et spirituelle.
Pourtant l’art de l'érotisme et de la sensualité se perd au profit de la précipitation, éclipsé par la hâte qui caractérisent nos interactions. Si tout nous pousse toujours à aller plus vite dans notre quotidien, cet empressement dans le domaine de la sensualité, de l’érotisme et de la vie amoureuse nous conduit a une impasse.
La précipitation est même un tue-l’amour dans tous les sens du terme. Il devient alors nécessaire de se rappeler que créer une tension sexuelle et du désir ne se résume pas à simplement stimuler les organes génitaux de son ou sa partenaire. Il est fondamental de comprendre qu’il faut intégrer tout le corps comme terrain sensible et érogène, plutôt que de se limiter aux parties intimes ou zones érogènes « clichées ».
Sur le long terme, une approche hâtive et inconsciente de la sexualité peut amener le corps à se refermer ou se désensibiliser. Lorsque nous abordons la sexualité avec précipitation nous risquons d'inhiber l'expression de notre sensualité, qui, par nature, requiert une écoute attentive et une lenteur bienveillante.
Se concentrer exclusivement sur la stimulation des zones dites érogènes, sans tenir compte de l'ensemble du corps, peut avoir des conséquences néfastes sur notre intimité.
Cette focalisation restreinte peut générer stress ou anxiété, car la relation sexuelle peut alors être inconsciemment associée à une forme d’agression ou de pression.
Le stress active la branche sympathique du système nerveux autonome, pouvant créer une réaction de "lutte ou fuite". Cette réponse physiologique et primitive (cela n’est pas contrôlable par la pensée) peut inhiber la relaxation nécessaire à une expérience sexuelle épanouissante, entraînant une tension musculaire et une diminution de la circulation sanguine vers les organes génitaux, ce qui peut réduire la sensibilité et le plaisir. En effet, une approche précipitée et axée sur la stimulation des zones érogènes peut également mener à une désensibilisation. Le corps, habitué à être stimulé de manière forte et brutale, peut perdre sa capacité à réagir aux sensations plus subtiles. Cela réduit la capacité à ressentir du plaisir, rendant les expériences intimes moins satisfaisantes, moins enrichissantes et moins connectées.
Notre sexualité est également liée à des facteurs émotionnels, énergétiques et psychologiques. Une approche précipitée peut également empêcher la création de liens de confiance, qui sont essentiels pour une intimité florissante. Cette absence de connexion émotionnelle dans l’intimité peut amener à une distanciation du corps, une sensation de déconnection de ses ressentis et de ses émotions, limitant notre capacité à nous abandonner pleinement au plaisir. D’autant plus que la précipitation peut affecter la libération d'hormones, comme l'ocytocine, souvent appelée "l'hormone de l'amour", qui joue un rôle clé dans le lien émotionnel et la satisfaction sexuelle.
Si les expériences sexuelles sont souvent rapides ou précipitées, le cerveau peut commencer à associer inconsciemment la sexualité à des sentiments de pression, d'anxiété ou d'agression. Ce conditionnement peut amener une personne à se sentir moins à l'aise ou ouverte lors d'éventuelles expériences sexuelles futures. Nous constatons tristement souvent cette fermeture dans les relations intimes de longue durée ou l’un des partenaire peut en arriver à éviter les interactions intimes ou s’en désintéresser.
Lorsque la sexualité est abordée de manière précipitée, elle perd non seulement de sa profondeur et de sa signification, mais peut même devenir une source d'inconfort et de fuite plutôt que de connexion et de plaisir. En négligeant les interactions plus subtiles, nous passons à côté de la richesse de l’expérience sensorielle, émotionnelle et spirituelle que peut offrir la sexualité. Le corps nous offre un terrain de jeu, d’expression, d’éveil et de plaisir parfois insoupçonné. Adopter une approche plus lente et consciente, permet à chaque partie du corps de prendre vie favorisant une sexualité plus vivante.
